par Pierre Durocher
Pierre Durocher, a couvert les Olympiques d’Hiver à Lake Placid pour le Journal de Montréal
Lake Placid, voilà un village que j’aimerais bien visiter lors de mes prochaines vacances estivales.

STEVE COLLINS follows a ski jumping tradition and walks to the top of the landing hill at Lake Placid.
STEVE COLLINS respecte la tradition de son sport et grimpe à pied la piste du Lake Placid.
Caché dans la chaîne montagneuse des Adirondacks, ce village fut par moments un véritable cauchemar pour moi et mes confrères journalistes lors des XlIIe Jeux olympiques d’hiver.
Joli site, bien sûr, mais beaucoup trop petit pour accueillir 50,000 personnes par jour.
J’ai personnellement travaillé dans des conditions atroces, qui n’ont pas manqué de me rappeler le désordre qui régnait l’été dernier à San Juan, Puerto Rico.
Une petite chambre d’hôtel située à deux milles de Lake Placid, un système de transport déficient qui a commencé à bien fonctionner à deux ou trois jours de la fin des Jeux, des résultats qui se faisaient attendre, des prix exhorbitants dans les restaurants, des mauvaises communications téléphoniques, voilà autant de “merveilleux” souvenirs que je rapporte de ma visite à Lake Placid.
Et que dire de ces Américains chargés de la sécurité! Ils ont tout fait pour nous casser les pieds et je dois avouer qu’ils ont atteint leur but. Ce n’était vraiment pas facile de rejoindre un athlète pour cueillir quelques commentaires. Heureusement, l’Association olympique canadienne avait tout prévu en tenant une conférence de nouvelles à chaque jour au centre de presse, conférence à laquelle assistaient athlètes et entraîneurs.
Vive la marche!
Les Jeux de Lake Placid ont néanmoins eu certains bons effets sur ma personne.
Je suis revenu à la maison avec quelques livres de moins et des jambes bien musclées. En effet, j’ai, par la force des choses, redécouvert la marche à Lake Placid!
Une marche de deux milles et demi au grand air, sous un vent qui piquait les joues.
Vraiment, mon séjour de 17 jours à Lake Placid ne fut pas de tout repos.
Jamais je ne pouvais m’imaginer que les Américains, ce peuple qui se dit le plus grand sur cette terre, pouvaient paraître aussi maladroits.
Ils peuvent envoyer deux hommes sur la Lune quand ça leur plaît mais ils ont été incapables de bien organiser des Jeux olympiques d’hiver, la réplique miniature des Jeux d’été.
Aujourd’hui, je peux crier tout haut que les Jeux d’été de Montréal étaient un véritable chef-d’oeuvre d’organisation. Bien sûr, ils ont coûté un peu plus cher . . .
Les performances
Maintenant, du côté performances, je dois dire que les résultats des athlètes canadiens m’ont un peu déçu.

STEVE PODBORSKI is in the air as he covers Lake Placid’s downhill course on his way to a bronze medal.
STEVE PODBORSKI est dans les airs au moment où il couvre la descente de Lake Placid en route pour une médaille de bronze.
Tout comme Jack Lynch, le directeur technique de l’Association canadienne olympique, je m’attendais à ce que les nôtres remportent quatre ou cinq médailles, ce qui aurait ainsi surpasser la pauvre récolte des Jeux d’Innsbruck.
Mais qui aurait pu prévoir que Ken Read, le roi de la descente, perdrait un ski peu longtemps après le départ, que Gaétan Boucher patinerait sur une mauvaise glace au 1,500 mètres, que Sylvia Burka serait satisfaite d’une septième place au 1,000 mètres . . .
En somme, l’expérience de Lake Placid fut positive pour les athlètes canadiens. Ils ont récolté seulement deux médailles mais on peut dire qu’en général, les résultats se sont améliorés en comparaison avec ceux de 1976.
Il y a eu moins d’athlètes canadiens déclassés. Ils étaient sur place pour livrer une chaude lutte aux meilleurs éléments mondiaux et non seulement pour figurer à titre de touristes!
Les étoiles
Les Canadiens et Canadiennes qui m’ont le plus impressionné à ces Jeux se retrouvaient sur une paire de skis. Je veux parler de Steve Podborski, médaillé de bronze en descente; de Dave Irwin, excellente lie position en descente; de Kathy Kreiner, superbe cinquième place en descente et très bonne neuvième position au slalom géant; de Loni Klettl, 13e en descente; de Steve Collins, 9e au saut à ski; et d’Angela Schmidt, 23e au 10 kilomètres en ski de fond.
Tous ces athlètes ont offert un effort remarquable à Lake Placid, de même que Gaétan Boucher, médaillé d’argent au 1,000 mètres en patinage de vitesse; Bruce Smith, excellente lie place à la luge; et Brenda Webster, encourageante lie place au 3,000 mètres en patinage de vitesse.
Boucher, un athlète de 21 ans de Ste-Foy, Québec, a réussi à chauffer les fesses du roi des Jeux, l’Américain Eric Heiden, au 1,000 mètres. C’est tout en son honneur. Petite prédiction personnelle, Gaétan sera encore meilleur en 1984 à Sarajevo et cette fois-ci, il ira chercher trois médailles.
Un autre athlète qui m’a grandement impressionné fut Paul Pageau, gardien de but de l’équipe canadienne de hockey. Ce porte-couleurs des Cataractes de Shawinigan a été brillant à chaque rencontre où il fut appelé à protéger la forteresse canadienne. Malheureusement, les entraîneurs Clare Drake, Tom Watt et Lome Davis ont joué la mauvaise carte quand ils ont décidé de faire confiance à Bob Dupuis pour le match-clé contre la Finlande. Dupuis a mal paru sur deux buts et le Canada a baissé pavillon 4-3. Un peu plus tard, nos joueurs offraient une performance remarquable contre les Soviétiques pour finalement s’en tirer avec une défaite honorable de 6-4.

BRUCE SMITH
Jouant sans motivation contre les Tchécoslovaques , les Canadiens ont perdu 5-1 et se sont retrouvés au sixième rang au classement global. Après 12 années d’absence, on s’attendait tous à un meilleur rang pour le Canada au hockey. Une grosse déception.
Parlant de déceptions, je ne peux pas oublier les performances de Sylvia Burka, qui en était à ses troisième Jeux olympiques d’hiver.
Sylvia est toujours très gentille avec les journalistes mais à Lake Placid, elle a révélé aux yeux du monde entier qu’elle n’était plus du tout la patineuse qui a déjà été couronnée championne mondiale. L’heure de la retraite avait sonné pour elle un an avant ces 13e Jeux d’hiver . . .
Autre déception, l’équipe canadienne de bobsleigh à quatre, qui n’a pas participé aux deux dernières manches, la bisbille ayant éclaté entre les membres de l’équipe.
En patinage artistique, on s’ennuyait d’une Karen Magnussen ou d’un Toller Cranston en regardant évoluer les Heather Kemkaren, Brian Pockar et compagnie. Seul le couple de danse formé de John Downing et Lorna Wighton a présenté quelque chose de solide, ayant mérité la sixième place.
Il faut espérer que ces déceptions ne se répéteront pas en 1984 à Sarajevo, en Yougoslavie. Après tout, il ne faut pas oublier que le Canada est un pays nordique et il me semble que nous devrions faire meilleure figure aux Jeux olympiques d’hiver. Mais pour cela, il faudrait que nos athlètes puissent s’entraîner dans leur propre pays, sur des anneaux de glace, des pistes de bobsleigh et de luge, des tremplins de saut à ski. Ce n’est pas le cas présentement . . .
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